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Sleep Medicine

QUI DORT DÎNE … ET A MOINS MAL !

2.01
février 2019
Autres

Les patients douloureux se plaignent souvent de troubles du sommeil. De mauvaise qualité ou insuffisant, celui-ci peut être un facteur majorant la douleur, voire exacerbant la sensibilité à la douleur chez les sujets sains, d’après la littérature.
Simonelli et al ont émis dans cet article  l’hypothèse  qu’une augmentation du temps de sommeil pourrait a contrario, diminuer la sensibilité à la douleur même chez les sujets sains n’étant pas en manque de sommeil.
Il s’agit d’une étude interventionnelle sans groupe contrôle incluant des volontaires sains non douloureux. Le screening a porté sur 105 personnes.

Au final, 27 participants ont complété l’étude sur 24 jours (phase 1 = 10 premières nuits à domicile avant la période de « sommeil baseline », phase 2 = 5 nuits de sommeil baseline, phase 3 = 5 nuits avec temps de sommeil augmenté).
Les mesures ont porté sur :
- Activité motrice enregistrée /30 secondes via un actigraphe porté au poignet par chaque participant (calcul de la durée moyenne de sommeil à chaque phase de l’étude).
- Crédit de sommeil = différence entre la durée de sommeil qu’une personne rapporte avoir besoin pour pouvoir fonctionner normalement et la durée de sommeil qu’elle dit avoir habituellement.
- Karolinska Sleepiness Scale (évaluation de la qualité du sommeil), administré le dernier jour des phases 2 et 3.
- La sensibilité à la douleur : test au froid avec immersion d’une main dans l’eau à 5°C (temps en secondes au bout duquel les participants rapportaient un désagrément = seuil douloureux / ils retiraient leur main car douleur insupportable = seuil de tolérance à la douleur, limitée à 300 secondes à leur insu), effectué le dernier jour des phases 2 et 3.

Sur les 27 participants, 17 étaient des hommes, âge moyen de 24,41 ans ; la durée de sommeil a été significativement supérieure pendant la phase 3 (~ 562,4 minutes) que la 2 (~ 441,9 minutes) et la 1 (~ 455,1 minutes) ; qualité du sommeil légèrement supérieure en phase 3 mais non significative ; 10 sujets étaient déjà au plafond du seuil de tolérance à 300 sec dès la phase baseline alors que leur durée de sommeil n’a pas différé de celle des autres lors de chacune des phases de l’étude. En excluant ces participants, les analyses ont retrouvé une augmentation significative du seuil de tolérance à la douleur le dernier jour de la phase 3 (~ 96,64 sec) par rapport à la 2 (~ 63,7 sec) mais pas de différence pour le seuil douloureux. Étonnamment, les sujets ayant rapporté un crédit de sommeil peu important sont ceux qui ont vu leur seuil de tolérance à la douleur augmenter le plus.

Cette étude est intéressante car permet d’envisager des perspectives « thérapeutiques » ou prophylactiques simples (optimiser la prise en charge de la douleur post-opératoire ou liée à tout acte potentiellement douloureux voire à une performance sportive intense en prescrivant en amont des nuits plus longues aux patients ?). Mais elle comporte plusieurs limitations : absence de groupe contrôle, échantillon trop restreint et spécifique (jeune) limitant les possibilités de généralisation.
Cet article rappelle néanmoins que les « traitements » efficaces ne sont pas forcément les plus modernes ou technologiques.
Back to basics !

Reference

G. Simonellia, J. Mantuaa, M. Gada, M. St Pierrea, L. Moorea, A.M.Yarnella, P.J. Quartana, A. Brauna, T.J.Balkina, A.J. Bragera, V.F.Capaldia.
Sleep Medicine, Volume 54, February 2019, Pages 172-176

Auteur

Bich Dang-Vu

Médecin algologue à l'Unité de Coordination
Douleur
Hôpital Foch, Suresnes