Douleur de la personne âgée aux urgences : quelle prise en charge ?

Chez la personne âgée, la douleur aigue est un motif fréquent de consultation aux urgences, mais quelle serait la prise en charge "idéale" ? Les auteurs de cet article se penchent sur cette question particulièrement complexe, compte-tenu de la fragilité de cette population et des spécificités de sa prise en charge. La première difficulté concerne l'évaluation. Si l'auto-évaluation est identique à celle de l'adulte, plus complexe est l'hétéro-évaluation chez les personnes âgées ayant des troubles de la communication verbale. En effet, si de nombreuses échelles sont validées, il est important d'en choisir une sur des critères de faisabilité et de rapidité de réalisation. Quant à la thérapeutique, le point commun dans toute prise en charge gériatrique est résumé par l'anglicisme : "Start low and go slow" (commencer bas et augmenter lentement). Pour les douleurs légères à modérées, les auteurs proposent le paracétamol, les AINS et le tramadol. Les AINS permettent une bonne analgésie en cas de douleurs inflammatoires aigues, mais doivent être proposés en cure courte et accompagnés d'un IPP. Le tramadol est quant à lui prescrit en première intention si le patient présente une contre-indication aux AINS. Pour les douleurs modérées à sévères, les auteurs suivent les recommandations de la Société Américaine de Gériatrie : parmi les opioïdes forts, l'oxycodone par voie orale est proposée en première intention. Pour les lésions fracturaires, l'anesthésie loco-régionale fait référence. Les thérapeutiques non médicamenteuses peuvent être envisagées, mais elles n'ont pas fait l'objet d'études spécifiques dans le cadre de douleurs aigues chez la personne âgée. Quelle que soit l'approche proposée, une réévaluation précoce et répétée de la douleur est indispensable. Les auteurs rappellent que la prise en charge de la douleur est un indicateur majeur de la qualité de la prise en charge des personnes âgées aux urgences. L'amélioration des pratiques est en marche, notamment du fait de la création d'outils d'évaluation, mais le chemin vers une prise en charge idéale reste encore long…